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un ping pong hallucinant sur le logiciel libre...

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Message  R.Suire Jeu 20 Juil - 20:16

si cela vous a échappé, je viens de récupérer ces 2 tribunes publiées dans libération...la première étant consternante (enfin le débat est ouvert si vous le souhaitez)


Le mythe libertaire du logiciel à code ouvert est un dangereux contresens pour l'industrie.
Il n'a de libre que le nom
Par Jean-Dominique GIULLIANI
QUOTIDIEN : Mercredi 5 juillet 2006 - 06:00
Par Jean-Dominique Giuliani président de la fondation Robert-Schuman, membre du Conseil consultatif de l'Internet. Dernier ouvrage paru : , PUF 2005.
La mairie de Paris accueillait, le 26 juin, la manifestation «Paris Capitale du Libre». Ainsi le mythe libertaire des logiciels à code ouvert, improprement appelés «libres», vise-t-il désormais, au-delà des milieux experts, à gagner le coeur du grand public. Enfourchant la thématique à la mode de la gratuité communautaire, il lance un message à tous : l'informatique ne doit pas s'insérer dans l'économie, c'est une liberté de plus et rien d'autre. Ce discours est un mauvais coup porté à l'accès du plus grand nombre à l'informatique, un contresens dangereux pour l'industrie européenne et française du logiciel, une véritable incitation aux délocalisations des services informatiques hors d'Europe.
L'ouverture des codes informatiques peut être utile à la recherche, et le travail communautaire peut parfois contribuer à certains progrès technologiques ; mais peut-on durablement faire abstraction des enjeux économiques et notamment se mettre en marge du droit de la propriété intellectuelle ? Y a-t-il vraiment un avenir pour une «alterinformatique libertaire» où le travail de création serait gratuit ? La liberté se réduit-elle à la gratuité ?
Le principe de la propriété intellectuelle est l'un des fondements de nos démocraties et de nos économies, qui doit être garanti et protégé. La charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen le rappellent solennellement. Remettre en cause ce principe est suicidaire dans un contexte de compétition mondiale accrue.
Or les propos de R. Stallman, le pape autoproclamé du logiciel libre, sont à ce titre édifiants : «Le logiciel propriétaire est immoral et ne doit pas exister...»A la question : «Comment les entreprises développant des logiciels libres peuvent-elles vivre de leurs programmes ?»Il a même commis la déclaration historique suivante : «Cette question ne m'intéresse pas, moi je suis contre la société de marché...»
Si l'Europe et la France veulent disposer d'une industrie du logiciel, qui génère les revenus et les emplois de demain, il faut, au contraire, en conforter les bases et permettre le développement de capacités de production de ces nouvelles «oeuvres de l'esprit». Un programmeur qui invente des solutions a le droit d'être rémunéré en conséquence par la commercialisation de son invention. Il n'est pas obligé de les partager. Il faut donc protéger d'urgence les oeuvres de l'esprit que sont les logiciels, en France et en Europe.
La réalité commerciale de l'industrie du «logiciel à code ouvert» est simple : au lieu de dépenses d'équipement en logiciels prévisibles, permettant l'amortissement maîtrisé d'investissements importants, elle reporte la dépense sur les services nécessaires au «bidouillage» des logiciels «ouverts». L'expérience prouve que ces dépenses donnent lieu à de multiples rallonges, puisque le fruit de ce travail n'est pas «stabilisé», et ne s'insère pas dans une relation économique normale qui en garantit la sécurité juridique et opérationnelle. C'est ainsi que le ministère des Finances français vient de signer avec fierté le plus gros contrat au monde de maintenance informatique sur logiciels ouverts, pour un montant de 39 millions d'euros. Ce qui fait de ces «logiciels gratuits» les logiciels les plus chers de l'histoire ! Transmettons au Parlement et à la Cour des comptes qui apprécieront, sur la durée, la pertinence de l'expérience.
Le logiciel «libre» n'est donc pas vraiment libre. Poussé par les multinationales du service informatique, grandes consommatrices de crédits de maintenance et de développement, «l'open source» vise maintenant les administrations publiques, vaches à lait bien commodes dans un secteur où la concurrence est rude. Il serait naïf que les administrations pensent qu'elles acquièrent une indépendance à l'égard des éditeurs de logiciels alors qu'elles sont bien plus dépendantes des sociétés de services.
D'une dépendance à l'autre, chacun choisira. Mais préférer la solution qui obère le développement d'une véritable industrie européenne du logiciel est fort peu judicieux. Privilégier le service sur la création, c'est comme choisir de construire des stations services et ignorer l'industrie automobile. Préférer les services, c'est aussi favoriser les délocalisations.
L'activité de création des logiciels est fondée sur la recherche et peut donc être davantage «fixée» sur un territoire. L'activité des services informatiques peut être réalisée n'importe où, spécialement là où la main-d'oeuvre est moins coûteuse. IBM, par exemple, annonçait en juillet 2005, l'embauche de 14 000 personnes en Inde en même temps que ses plans sociaux européens. Mais elle n'a aucun projet semblable du côté de l'édition logicielle car «déplacer des usines de conception d'un logiciel est très difficile».
Par ailleurs, la sécurité informatique est devenue un enjeu considérable dans nos sociétés. Nous avons besoin de produits bien définis, connus, garantis, qui engagent la responsabilité d'acteurs économiques stables. Nous devons aux citoyens la sécurité des échanges sur l'Internet. Cela exige des procédés de plus en plus sophistiqués, qui coûtent très chers, et ne peuvent être financés que par de vrais éditeurs qui savent ensuite les commercialiser au profit du plus grand nombre.
Le véritable défi à relever, c'est celui de la diffusion la plus large possible de l'informatique dans notre économie pour en accroître la compétitivité et les performances. En particulier, dans les petites et moyennes entreprises. Dans ces conditions, promouvoir le logiciel qui n'a de libre que le nom est une mauvaise action économique. Nul travail intellectuel n'est gratuit et tout travail mérite salaire. Ne nous laissons pas entraîner par la mode ultralibertaire dans des domaines aussi stratégiques que l'industrie du logiciel.
Ce serait sacrifier l'économie du savoir au motif d'une prétendue liberté qui prend le risque de la mort de nos industries du futur. Derrière les illusions, la réalité serait beaucoup moins belle.



Comme aux Etats-Unis, le marché de l'«open source», créateur de milliers d'emplois, doit être soutenu par les pouvoirs publics.
Il faut libérer le logiciel libre
Par Alexandre ZAPOLSKY
QUOTIDIEN : Vendredi 14 juillet 2006 - 06:00
Alexandre Zapolsky président de l'Association des sociétés de services en logiciels libres, organisateur de «Paris capitale du libre».
Une diatribe fort violente à l'encontre des logiciels libres et de son économie est parue ici il y a peu ( Libération du 5 juillet 2006). Son auteur, par sa maladresse ­ volontaire ? ­ et sa partialité s'est décrédibilisé. Il n'est donc pas forcément nécessaire de répondre point par point à cette attaque. Cependant, il paraît intéressant de rétablir quelques vérités sur la formidable dynamique du marché du logiciel libre, son importance pour la France et l'Europe, et d'étudier les atermoiements de ces lobbies qui n'ont même pas le courage de leurs opinions et préfèrent avancer masqués.
Dans la grande compétition économique mondiale, l'un des derniers secteurs où la France peut encore jouer un rôle de premier plan est celui de l'économie des savoirs. Tout le monde s'accorde sur ce point. Or nous avons perdu, face aux Etats-Unis et au BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), la plupart des batailles technologiques et économiques dans ce secteur. Le seul domaine où persiste encore une chance pour la France de conserver une position de leadership est celui des logiciels libres. Conserver, car, jusqu'à présent, la France a su développer un savoir-faire et une industrie du logiciel libre qui fait d'elle un prétendant sérieux au rôle de leader dans ce domaine.
Mais cet état de grâce est en train de disparaître. Le gouvernement actuel ne joue plus son rôle, et les choix stratégiques dans les administrations sont mis en cause par des lobbies de mieux en mieux organisés. Par ailleurs, et comme par hasard, certaines prises de position publiques viennent sensibiliser les décideurs et le grand public, comme on soupçonne que ce fut le cas pour cette tribune, qui visait à attaquer l'économie du logiciel libre. Le plus important pour «eux» n'est pas de dire la vérité ; le plus important est de maintenir leur situation de monopole.
Il n'y a qu'en Europe, et particulièrement en France, que subsistent encore des questions sur la réalité d'une économie du logiciel libre. Le grand mouvement de développement de son industrie est en train de se passer ailleurs, et en particulier (encore une fois) aux Etats-Unis. Là-bas, ils ont compris que la nouvelle bataille qui s'engage est celle du marché libre. De façon fort pragmatique, le secteur public soutient l'effort de recherche et développement, les grands acteurs de l'informatique et de l'électronique investissent les communautés du libre, les start-up deviennent des acteurs mondiaux (Red Hat), tandis que les donneurs d'ordres font le choix de ces solutions. Tous ceux qui appellent à l'innovation et à la création de valeur devraient méditer l'exemple de la société Jboss qui, en moins de quatre années, s'est imposée comme l'un des leaders des serveurs d'applications aux côtés de géants comme IBM et qui vient de se vendre pour 420 millions de dollars, soit près de 20 fois son chiffre d'affaires. Cela fait bien longtemps que nous n'avions pas assisté à des niveaux de valorisation aussi élevés. Cet exemple n'est pas un cas isolé. Dans la Silicon Valley, au cours des vingt-quatre derniers mois, 500 millions d'euros ont été levés par moins de 50 sociétés. Les investisseurs américains, eux, ont compris depuis longtemps qu'il n'y avait pas de mythe concernant la gratuité du libre et qu'il s'agissait simplement du marché de l'avenir.
Alors, pourquoi diable, en France, doit-on encore se battre pour faire comprendre que le libre porte en lui la croissance de demain ? Même Microsoft s'est ­ récemment ­ mis à faire de l' open source, ou en tout cas à le financer... Aux Etats-Unis, ils ne s'en cachent pas, mais je n'ai jamais encore entendu publiquement l'un de leurs représentants le dire en France... Ils auraient pu le dire lors de «Paris capitale du libre», qui se tenait le 26 juin dernier. Ils avaient été invités. Ils ont préféré décliner l'invitation, éviter le débat. C'est bien dommage !
La majeure partie de l'industrie du logiciel s'est associée à cet événement. En plus du syndicat de la profession, le Syntec, représentant tous les acteurs prestataires comme éditeurs, les grands noms de l'informatique (Cap Gemini, Steria, Thales, Bull, Oracle, IBM, Sun...) et les acteurs du libre en France s'étaient tous donné rendez-vous pour réfléchir ensemble sur les enjeux économiques, industriels et politiques du logiciel libre. On était très loin d'un rassemblement d'acteurs «libertaires». On y a au contraire parlé marché, croissance, innovation, emplois. Ce sont peut-être ces sujets qui ont effrayé les rares acteurs à avoir «boycotté» cet événement. Mais, dans ce cas, posons-nous les bonnes questions : qui sont ceux qui n'ont rien à cacher et qui acceptent le débat public, et qui sont ceux qui avancent masqués et qui refusent d'argumenter ? Qui devrait être écouté et entendu par les pouvoirs publics ?
Les grands éditeurs mondiaux avancent maintenant derrière des prête-noms soi-disant experts et indépendants ou derrière de petites associations et essayent de faire croire que la France peut encore espérer voir un jour émerger un nouveau Microsoft. Cela fait seulement vingt-cinq ans que l'on attend... Soyons clairs : le jour où nous aurons de nouveaux leaders mondiaux, ce seront nécessairement des acteurs du libre. Alors, n'attendons pas cinq ans pour lancer le «Quaero du libre» [projet multimédia franco-allemand, ndlr]. Nous devons créer notre «Open Source Valley» et nous devons être dans le monde l'un des leaders sur ce marché dynamique qui représentera, en 2009, 88 milliards de dollars, selon le Gartner [centre d'analyse sur les nouvelles technologies, ndlr], soit plus de 20 % du marché mondial des licences et services.
La liberté en informatique n'est pas qu'un concept ou une philosophie. Il existe, à côté du phénomène du logiciel libre, un marché. D'un point de vue économique, le logiciel libre représente donc avant tout des emplois, de l'innovation et de la création de valeur. En moins de cinq ans, en France, cette filière a créé 10 000 emplois. A ce rythme, le logiciel libre représentera en 2010 en France plus de 60 000 emplois... Encore faut-il qu'on nous le permette !
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